Dans la capitale congolaise de près de 11 millions d’habitants, ils seraient plus de 20 000 à survivre, entre ultraviolence, drogues et abandon.
L’air est irrespirable, saturé de poussières et de gaz d’échappement. Il est 19 heures et les rues de Kinshasa sont encore encombrées de milliers de voitures cabossées, de minibus défoncés. Une dizaine de gamins se frayent un chemin au milieu de la circulation et s’agrippent à l’arrière des véhicules. Ici on les appelle les « shégués » et la vie de ces enfants est violente, quasi aussi sombre que la nuit épaisse qui tombe sur Super Lemba, l’un des nombreux quartiers chauds de la capitale congolaise.
Benji et Deborah survivent là et racontent par bribes leur quotidien. Pour Deborah*, âgée de 14 ans, le plus dur c’est le contacts avec « Les Yankees » (surnom donné aux plus âgés). « Ils nous violent. Ensuite, ils nous tapent, nous prennent notre argent et nos affaires. Pour survivre, je dois me prostituer. » Benji* est plus jeune. 10 ans tout juste, même si cela fait déjà trois années qu’il survit autour du carrefour de Super Lemba. « On dort sur le rond-point, précise-t-il. J’ai faim et j’ai mal, mais je ne peux pas rentrer chez moi car mon père veut me tuer. »
Quasiment autant de garçons que de filles
« Nous donnons des comprimés pour la fièvre ou arrêter des diarrhées, explique John, infirmier depuis onze ans. On désinfecte aussi leurs nombreuses plaies. » Les enfants profitent de ces moments d’intimité pour se confier. « Des récits insoutenables, mais il faut rester fort et ne pas s’apitoyer, explique Désiré Dila, éducateur. Ma vocation est d’aider ces gamins et de leur trouver des solutions. »
Source: https://www.lemonde.fr